samedi 29 juin 2013

L'élégance du hérisson de Muriel Barbery

4e de couverture :


 " Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois.
Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants."

"Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches.
Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. " "



Mon avis :


Il y à quelques années, avant que je découvre les lectures fantastiques et autres produits de l’imaginaire, j’avais ajouté ce livre à ma WL. Le temps passant, je l’avais délaissé jusqu’au jour ou nos destins se sont de nouveau croisés...

A la lecture de la 4e de couverture je ne m’attendais pas à ce que j'ai trouvé en lisant ce livre. Je pensais à quelque chose de simple, coulant et socialement conventionnel. Mais en fait c’est tout le contraire car j’y ai découvert un nouveau mode de penser. L’auteur m’a portée dans ses réflexions profondes au travers de ses personnages qui voient au-delà du maquillage social dont se parent les êtres humains. Ce livre m’a ouvert à des perspectives nouvelles sur l’entendement des autres, sur la différence et son acceptation, mais m’a aussi permis de comprendre l’engrenage émotionnel dans lequel s’enferment les incompris. Et bien que je ne sois pas d’accord avec tout ce qui est analysé et surtout l’analyse en elle-même, je dois dire que ce fut très enrichissant.

Les personnages, dont nous prenons tour à tour possession du corps et de l’esprit, sont extrêmement intéressants. Renée est une concierge atypique au physique ingrat qui par le biais d’une soif sans faim de culture arrive à fuir sa condition de femme de basse extraction. Elle vit dans la peur qu’un jour quelqu’un la démasque et comprenne qu’elle est loin d’être cette caricature de concierge illettrée et sans esprit. Paloma, elle, est une jeune fille de corps et une femme prodigieuse d’esprit ; une enfant de bonne famille qui cherche sa place dans ce monde et se pose une multitude de questions et cherche des raisons tangibles de continuer à vivre.

Tant l’une que l’autre sont des personnages que j’ai adoré. Elles sont singulières, pleines d’esprit, intelligentes et surtout déterminées à analyser et comprendre cette société incohérente et malade.

Ce livre est inattendu car il permet de démarrer une réflexion sur ce qui nous entoure tout en suivant une trame d’histoire classique avec toutes ses étapes jusqu’à ce dénouement qui m’a mis les larmes aux yeux. Suivre ces deux âmes que le monde désenchante m’a beaucoup appris.

Au final j’ai adoré ce livre hors du commun pour sa capacité à me faire réfléchir et  à voir les relations sociales sous un angle nouveau. C’est un roman surprenant et tellement beau qui ne se lit pas d’une traite car il mérite réflexion et recul. Je recommande vivement cette lecture.


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Quelques citations parmi les milliers d'autres que j'ai aimé :

p. 51 "Etre pauvre, laide et, de surcroît, intelligente, condamne, dans nos sociétés, à des parcours sombres et désabusés auxquels il vaut mieux s’habituer de bonne heure. A la beauté, on pardonne tout, même la vulgarité."

p. 61 "Ceux qui savent faire font, ceux qui ne savent pas faire enseignent, ceux qui ne savent pas enseigner enseignent aux enseignants et ceux qui ne savent pas enseigner aux enseignants font de la politique."

p. 157 "Moi, j’ai compris très tôt qu’une vie, ça passe en un rien de temps, en regardant les adultes autour de moi, si pressés, si stressés par l’échéance, si avides de maintenant pour ne pas penser à demain… Mais si on redoute le lendemain, c’est parce qu’on ne sait pas construire le présent et quand on ne sait pas construire le présent, on se raconte qu’on le pourra demain et c’est fichu parce que demain finit toujours par devenir aujourd’hui […]."

p. 175 "Mme Michel, elle a l'élégance du hérisson: à l'extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j'ai l'intuition qu'à l'intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont de petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes." 

p. 343 "C’est peut être ça, être vivant : traquer des instants qui meurent."



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